Parmi d’autres compétences nécessaires — et j’épargnerai ici à mes trois lecteurs le genre de mauvais sarcasme que j’aurais encore pratiqué il y a trois ans — il y a celle-ci, vérifiée empiriquement des milliers de fois par jour :
Si tu “baves” (baver, faire une bavure : menotter et emmener au poste quelqu’un sans qu’il ait posé de menace sur toi, tirer sans poser de question, à l’américaine, en mode frontier justice et 2 de QI, etc.), il faut mentir. Sinon c’est la zonzon, peut-être (quoi qu’il y ait peu de risque, l’IGPN est là pour te couvrir, collègue, ton ministre y veille), mais surtout le déshonneur de l’institution.
Et l’honneur de la police française, ça ne se salit pas impunément. De Charonne aux transfos EDF, de Vichy à Malik Oussekine, de l’Algérie à Pigalle, la flicaille tue, et elle ment pour faire oublier qu’elle tue.
Ce que savent tous ceux qui ont eu à faire à elle et ont osé résister, ne serait-ce que verbalement, à sa stupidité.
Quoi ? “Des fois ça se passe bien” ? “Y en a ils sont gentils ?” “Le conducteur il avait plus de permis” ? Déjà tu vas causer meilleur, et ensuite tu vas te faire un petit shoot d’esprit critique, et tu reviendras quand tu auras eu l’occasion de tester sur le terrain la légendaire intelligence du gardien de la paix. Ce n’est pas donné à tout le monde, certes, et je ne te le souhaite pas. Mais pour l’instant, tes arguments de bisounours, ils ne valent rien. Pas même un pet de militant de la NRA. Un flic qui tire à l’aveugle, c’est un assassin, point.