Baudelaire vs Duterte : 1-1

Alors que j’attaque ce qui devrait devenir l’un des moments les plus bullshitesques de ma tardive carrière universitaire, K. m’envoie un article de Vice qui m’apprend que Rodrigo Duterte, le délicat lider maximo de l’archipel philippin, considère qu’il a, je cite : « une grosse bite ».

Sur le plan poétique, qui est celui qui m’occupe présentement, c’est plutôt radical. Le projet baudelairien, cette tentative de libérer la poésie du carcan lyrique — si j’ai bien compris — semble bien avoir été achevé par le dictateur. Point de métaphore érotisante (« j’ai un gros arbre noueux gorgé de toute la sève de mon élan vital », et puis quoi encore ?), ni même de sublimation symbolique (« j’ai une grosse béhème série 5 »). Juste une grosse bite.

D’un poète l’autre, je reviens au Paris du XIXe siècle, à Baudelaire se promenant avec Madame Sabatier et en tirant un poème sublime dont je suis toujours bien en peine de tirer la substantifique moelle :

Et le long des maisons, sous les portes cochères,
Des chats passaient furtivement,
L’oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,
Nous accompagnaient lentement.

Il me sera difficile de caser une allusion au gros chibre de Rodrigo dans ce devoir, je le sens.

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